Comment planter un arbre truffier ?
Si la culture truffière garde ses mystères, le trufficulteur Jean-Noël Coulon nous livre ses secrets pour choisir et planter des arbres truffiers dans son jardin. En suivant ces étapes de plantation, vous pourrez goûter (dans quelques années) aux plaisirs gustatifs de ce champignon si rare que l’on appelle “l’or noir”.
La première étape avant de planter un arbre truffier chez soi est de se rapprocher des pépiniéristes de sa région. Ces professionnels seront en mesure de vous aiguiller parmi la grande diversité d’arbres existante : chêne vert, chêne pubescent, charme, noisetier, pin noir d’Autriche, tilleul, cyprès…
N’importe quel arbre peut produire des truffes, à condition de planter des essences adaptées au climat de la région où l’on se trouve. Par exemple, le chêne vert n’est pas gourmand en eau, contrairement au noisetier, mais il gèle à moins 15 degrés. Il est donc parfaitement adapté au sud de la France. L’essence que vous choisissez dépend également des espèces de truffes que vous désirez récolter.
Les étapes pour planter un arbre truffier
Deux époques de l’année sont propices à la plantation des arbres truffiers : entre octobre et décembre et les mois de février, mars et avril. Il est conseillé de réaliser vos plantations en fin d’automne car elles gagnent souvent une année par rapport aux arbres plantés à la fin de l’hiver.
Mais avant de planter, il est essentiel de préparer son sol, c’est-à-dire de le nettoyer en détruisant les plantes herbacées qui pourraient héberger d’autres champignons que ceux producteurs de truffes. Un sol propice aux arbres truffiers est un sol très filtrant, relativement calcaire et sain. L’astuce pour confirmer si votre sol est propice à la trufficulture est simple : s’il héberge une activité biologique importante (fourmis, araignées ou lombrics), c’est bon signe !
Procédez alors à un petit exercice : versez du vinaigre blanc sur une portion de sol. Si rien ne se produit, votre terrain n’est pas assez calcaire mais si vous constatez une légère effervescence, c’est que l’expérience atteste d’un sol calcaire. Une analyse du sol en laboratoire, d’une centaine d’euros, vous donnera tous les paramètres pour déterminer vers quelle truffe vous orienter en fonction du résultat : soit la truffe noire du Périgord, soit la truffe de Bourgogne.
1Choisir et préparer ses plants
Le champignon truffier est implanté à la racine de l’arbre qui, lui, sera élevé pendant une à deux années par des pépiniéristes spécialisés. Les arbres truffiers que vous plantez doivent impérativement être certifiés producteurs de truffes pour que vous espériez en récolter.
En réceptionnant vos plants, sortez-les de leur emballage de transport et vérifiez bien l’état de chacun d’eux. Reconditionnez-les dans de petites caissettes surélevées du sol jusqu’à leur plantation. Stockez vos plants dans un espace sec, à l’abri des rongeurs et du gel mais ne dépassant pas les 15 degrés. Si vous avez misé sur des chênes verts, soyez attentifs à ce que votre local de stockage soit bien éclairé pour ne pas interrompre leur végétation hivernale.
2Obtenir un terrain propre
Un terrain propice à la bonne culture des truffes nécessite une terre propre et meuble, sans grosse racine et surtout qui soit bien aérée. Nous vous conseillons de labourer légèrement la terre, entre 20 à 25 centimètres de profondeur sur une surface de 2 à 3 mètres carrés par arbre planté. Ces derniers doivent être plantés en quinconce pour éviter qu’ils ne se fassent de l’ombre. Une plantation dense vous offrira une récolte plus précoce. Jean-Noël conseille un espacement de 6×6 mètres. “Il faut savoir que dans une truffière, sur 300 arbres, il n’y en a que 30 à 40% qui produisent. Si les gens veulent planter deux arbres truffiers, ils ne récolteront pas systématiquement des truffes !”
3Anticiper les trous de plantation
Une dizaine de jours avant de planter vos arbres, munissez-vous d’une bêche et préparez des trous cubiques sur votre terrain. Votre terre aura le temps de s’aérer et de se préparer à l’arrivée de vos arbres. Mais attention : ne creusez pas au-delà de 30 centimètres de profondeur ! Le trou doit être 2 à 3 fois supérieur au volume de la motte que vous vous apprêtez à planter.
4Planter les arbres
Pour faciliter le dépotage, faites tremper vos plants dans un bac d’eau à moitié de la hauteur des pots. Plongez vos mottes dans les trous puis remplissez chaque trou de terre fine jusqu’au sommet de vos mottes. Tassez doucement à la main jusqu’à ce que le collet du plant soit enterré de 4 à 5 centimètres par rapport au niveau du sol. “N’utilisez que la terre déjà sur place pour remplir les trous !” précise Jean-Noël.
5Arroser les arbres
Arrosez généreusement chacun de vos plants, entre 2 à 3 litres par motte, même par temps de pluie. Pour qu’ils résistent mieux au gel, n’oubliez pas de bien butter chacun des plants (c’est-à-dire de ramener de la terre sur le pied en une petite butte de 10-15 cm de hauteur) et de former une cuvette de quelques centimètres de profondeur à proximité pour retenir l’eau de pluie. Placez également un tuteur métallique à 10cm du collet du plant et protégez-les des animaux (lapins et autres rongeurs notamment) à l’aide d’un filet de protection.
Par la suite, désherbez manuellement l’environnement immédiat de vos plants, aérez-les au début du printemps et pensez à tailler vos arbres au mois de mars. Vous mettez ainsi toutes les chances de votre côté pour espérer récolter vos premières truffes d’ici 6 à 8 ans !
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